Mag Lévêque
À quoi bon la littérature ?
Quand j’étais petite je crois que les livres m’ont sauvée. Je lisais partout, tout le temps, pour vivre autre chose que ce que je vivais alors. Et curieusement, je ne trouvais pas ce que je vivais dans les livres moins vrai que la réalité vraie. Je me suis sauvée par l’imaginaire. Je crois que c’est une forme de magie.
Et si aujourd’hui la science et la rationalité échouent à nous sauver, je ne vois pas pourquoi les livres ne pourraient pas le faire. Ma mère disait que lire de la poésie, c’était parfois reconnaître ce qu’on avait jamais réussi à dire. Fabriquer ça, ça vaut la peine.
L’acte d’écriture est-il un acte d’engagement ?
Prendre la parole est un acte d’engagement, peu importe par quel moyen. S’engager, pour moi, c’est prendre parti. Ecrire, pour moi, c’est prendre parti pour soi. Dire : je sens ça, et toi ? Je vis ça, et toi ? J’imagine ça, et toi ? C’est défendre qu’on existe dans ce qu’on a d’intérieur. Défendre nos intérieurs comme des trésors de consolation et des armes puissantes.
Qu’est tant qu'il reste quelque chose à détruire pour toi ?
Réaliser mon rêve d’enfant d’être écrivaine. Avouer mon viol à mes parents. Publier mon journal intime.
Ce truc là, d’être persuadée que ce qu’on a à dire ça n’intéresse personne, que c’est des trucs de petite meuf fragile d’écrire sur ses traumas, que Virginie Despentes l’a déjà fait et en mieux… C’est fini, ça.
tant qu’il reste quelque chose à détruire c’est ma façon de dire que maintenant j’y crois, je vais écrire encore, parler encore, lutter encore, prendre parti, défendre ce qui doit l’être, je ne m’arrêterai pas.