Feu mange forêt
littérature
Ce sont des textes écrits depuis l’hôpital psychiatrique.
Ce sont des textes qui parlent de ce qu’il se passe dans la tête.
Ça parle de micro-ondes, de fleurs et de poulet rôti.
Ça parle de regarder les chevreuils courir à l’aube.
Ça parle de femmes.
Ça parle de quand on aime trop fort.
Ça parle de quand on n’a pas pu dire au revoir.
De quand la forêt se fait manger.
Ça parle de l’incendie et de l’inondation qui l’éteint.
Ça parle des catastrophes naturelles qui se répondent.
Celles à l’intérieur de soi
Clémentine Pons, dans ce premier recueil brûlant, raconte l’hôpital psychiatrique et le soin que l’on s’apporte dans ces espaces, ici plus par le groupe que par les soignant·es. En dépit de toutes ses limites et de toutes les violences dont il peut être vecteur, « l’HP » devient ici le lieu qui rassemble, plus que les gens qui souffrent, les gens qui se soignent. Ce qui est raconté, c’est le quotidien dans ce lieu hétérotopique, un quotidien en rupture avec la vie extérieure. Plus que les troubles de chacun·e, c’est ce que les personnes ont en partage qui donne voix à la poésie. Par les mots, l’autrice construit une communauté d’âmes portées par une force collective, celle de tenir bon.
Illustration de couverture : Raquel Santana de Morais-Desirenhos, 2021.